La Belle et la Bête [PV Andrew Adams] - TERMINÉ

Tout commença lorsqu’un prince plus ou moins charmant se fit jeté un sort par une méchante sorcière, on plutôt un arrogant cousin – c’est presque pareil. Ce sort jeté, notre héros devint un monstre de déprime et de solitude. Mais la vie n’est pas complètement noire, aspirant Roméo, il y a toujours cette lumière – non pas celle au bout du tunnel –, cette lumière rose lointaine, celle cachée derrière les montagnes. Une lumière faible, mais présente. Il ne suffit que de gravir ces monts d’espoir, cette cascade de mélancolie, ces sommets de solitude, et un nouveau monde s’offrira à toi. Oui! Un royaume non-conquis, des vallées luxuriantes, juste pour toi! Tu pourras y construire ton palais, ériger ton empire! Hourra!

Mais... pour l’instant, la bête Bête à l’air bête se pavanait tristement dans les rues d’un empire déjà conquis, c’est-à-dire Montréal. Enfermé dans sa tour de pensées, rien ne l’affectait. Ni les gens autour, ni les souffrances du monde. Vous vous dites sans doute qu’il n’avait pas de cœur, qu’il n’était qu’un animal sans cœur! Eh bien oui. A, il était une bête, donc avec la logique des choses, un animal. B, non, il n’avait pas de cœur, puisqu’une ravissante princesse – non, pas la méchante sorcière, cette fois – le lui avait volé. Et malgré tout, notre pauvre héros dont la flèche de Cupidon avait été défectueuse ne la blâmait pas. Non, en fait, il se sentait terriblement, horriblement coupable. Autrement dit, sa vie était ruinée.

Littéralement, sa vie se résumait à regarder sa rose se faner. Vous savez, la rose, enfin… la rouge, celle sous une cloche de verre? Vous vous en rappelez? Vous savez… celle dans une histoire dont on ne fait pas du tout allusion ici? Eh bien, ce n’est pas celle-là. Puisqu’il s’agit d’une métaphore. Autrement dit, il ne fait rien. Comme s’il attendait que quelque chose arrive, qu’un miracle lui tombe sur la tête et l’assomme – puisque c’est ce qu’il veut, être encore assommé d’amour…

Il l’aurait reconnu parmi dix millions. Sa réaction ne fut pas de se jeter dans ses bras, ni de s’enfuir en courant, mais plutôt de rester planter là comme un con. Une personne marchant de trop près fonça dans lui, ce qui ne l’affecta pas pour autant. Il était hypnotisé par son ex-belle, comme s’il était en danger et qu’elle était le danger. Mais peut-on vraiment la qualifié de danger?

La lune était quasi-absente, se cachant du mieux qu,elle pouvait derrière le manteau de nuage qu'elle essayait d'enfiler. Mais les rues n'en avait point besoin, puisque dans la métropole, la lumière jallit de partout. Même Andrew semblait avoir un aura... Ah, non, c'est seulement Phillip qui divague encore. « Mal à l’aise! » Oh, mais pourquoi? « Euh, hum… est-ce qu’elle marche… en direction de… MOI? » Alerte générale! Décampez à toute allure, prenez vos jambes à votre cou, courrez, enfuyez-vous!

Mais… il en était incapable.

Le monde s’était comme évanouit. Rien. Plus qu’elle. Elle seule. C’était peut-être un peu exagéré, mais… il sentait que sans elle, il n’était rien. Il était la raison pourquoi il était en vie… du moins, il se sentait heureux avec elle. Et malheureux sans elle. Qui ne voudrait pas vive dans le bonheur? Décidément pas lui.

– Phillip?
– Andrew…

C’est ce qu’il réussit à prononcer, c’est tout. Mais dès qu’il finit de lancer les derniers sons de ce nom – qui avouons le, sans étonnement, était son préféré – il se trouva si stupide. Réagir si intensément en rencontrant son ex dans la rue… Enfin, bref, il se ressaisit et fit quelque pas vers l’avant. Juste assez pour maintenant distingué tous les trais de la femme qui se tenait quelques mètres devant lui.

Malgré les quelques mètres qui séparaient l’ex-peut-être-futur-couple, Phillip sentait qu’il était à des milles d’Andrew. Et ce n’était pas la première fois qu’il la recroisait depuis leur séparation, mais pour une raison qui lui échappait, il réagissait différemment cette fois, plus… intensément. Et pourtant…
Il essayait de fuir son regard, de la fuir par la même occasion, mais c’était insensé. Il prit une grande respiration, expira, et lança :

– A… allo. Qu’est-ce que tu fais à te promener toute seule le soir?

Sa question était complètement stupide. Il ne s’en rendit compte qu’en fermant la bouche, mais préféra ne rien ajouter. Vraiment, il était si attaché à cette fille, et il le savait. « Elle pourrait faire ce qu’elle veut avec moi. Je suis sa marionnette. Enfin… Inconsciemment. »

– Je rentrais chez moi... Et toi?

La question était simple. Peut-être même trop. Il cherchait désespérément une réponse, en vain. Une minute passa. Aucun des deux ne bougeait, sous les regards intrigués des passants, qui les trouvaient sans doute très étranges. Peut-être même se retrouveraient-ils sur YouTube le lendemain matin, quelqu’un ayant trouvé l’utilité de filmer deux étranges étrangers dans la rue… Peu importe, de toute façon, Peut-être que deux ou trois millions de visionnement lui ramènerait son Andie. Peut-être… ça valait sans doute le coup…

Complètement désespéré, il regarda furtivement des deux côtés de la rue, de plus en plus stressé, sur le point de péter les plombs et de s’enfuir en courant. Et puis, il se calma légèrement, et tout ce qui lui vint en tête :

– J’allais chez toi t’espionner, mais je vois que j’ai raté mon coup.

Complètement ridicule. Mais c’était peut-être du au fait que, malgré tout, il se sentait à l’aise avec Andrew. Bien…

Silence. Puis, d’un geste qu’il ne comprit pas – comme s’il était poussé par une force invisible, c’est-à-dire l’amour –, il avança dans la rue, la traversa en quelques pas à peine et se jeta dans les bras d’Andrew. Puis il l’embrassa.

Andrew. Elle dérobait l’Univers lorsqu’elle croisait le regard de Phillip. Elle le consumait de l’intérieur, mais les flammes étaient celle de la passion. Le sentiment, ce sentiment, qu’il n’avait qu’en présence de sa bien-aimée, l’amenait sur un nuage, un nuage en forme de cœur, celui du septième ciel. Son nuage préféré. L’éternité. C’était l’éternité au complet qui s’arrêtait un court moment, juste pour leur laissé le temps de tout oublier, de vivre le moment qu’il vivait tant bien que mal, ce moment où ils montaient sur leur petit nuage, seuls. Les aiguilles prenaient une pause à chaque fois qu’ils s’embrassaient, reprenaient leur souffle pendant qu’eux perdaient le leur… Rien d’autre n’importait. Rien d’autre ne changerait. Rien au monde.

Ce baiser, cet unique contact, il l’attendait depuis des jours, en rêvant à chaque minute de son existence, si ce n’est pas à chaque seconde. Et c’était plus beau, plus intense, plus fou que dans ses rêves. Andrew refaisait naître la flamme qui s’était éteinte, qu’elle avait elle-même éteinte en faisant déferler une immense vague de tristesse sur Phillip. Mais c’était chose du passé, maintenant. Ce n’était que de lointains souvenirs, tout ça. Tout ce qui importait était le moment présent.

Phillip lâcha Andrew quelques instants. Il sourit, la regarda dans le creux des yeux, s’y perdit quelque peu. Ses yeux étaient des ouragans, deux tempêtes impressionantes, où il était malgré tout agréable de se perdre. Phillip avait une place choyé dans l’œil de la tempête, où il faisait beau, radieux. Il sortit de la tempête et ouvrit la bouche.

– Je t’aime. Je t’aimerai toujours, Andrew.

Puis, il la prit par la main, et commença à marcher. Après tout, maintenant qu’il était revenu à lui, une petite gêne s’était installé : les regards des passants se faisaient… bizarres.

Chaque seconde avec son Andie le comblait de bonheur. Pourtant, rien ne se passait, souvent, mais pour lui le monde prenait un sens. Sa vie changeait à chaque fois qu’il croisait son regard, qui lui seul avait réussi à déchiffré. Il l’aimait à en mourir.

– Alors, où est-ce que tu m’amènes?
– Et toi? dit-il, riant presque. C’était pas toi qui m’amenait en quelque part? Ah, je me suis encore trompé. Je devrais être plus attentif.

Il lâcha la main d’Andie, puis enferma ses épaules dans son bras. Il se sentait si bien, à erré de nouveau, sans trop savoir où aller. Comme dans le bon vieux temps – oublié. Même le destin ne saurait les arrêter, ce serait trop cruel. Les rues de Montréal ne semblit plus si terne. Cette soirée, il ne l’oublierait jamais.